En dressant un parallèle entre la traite négrière et les nouvelles formes d'esclavage moderne à l'occasion de l'inauguration du Mémorial ACTe, le président a essuyé des critiques à l'intérieur et l'extérieur de son camp. Même s'il excelle souvent dans le devoir de mémoire et les discours historiques depuis qu'il est à l'Elysée, Fran?ois Hollande a insisté ce week-end sur le combat toujours actuel à ses yeux de la lutte contre l'esclavage. En Martinique et en Guadeloupe, le chef de l'Etat a dénoncé les ?nouveaux négriers? de Méditerranée, qui abandonnent à leur sort et donc souvent à la mort des bateaux de migrants au large de l'Europe. Le Mémorial ACTe qu'il a inauguré dimanche matin à Pointe-à-Pitre en présence de nombreuses délégations caribéennes et africaines ?permettra […] de dire au monde que ce combat pour la dignité humaine n'est pas achevé?, estime le président, Nike TNqui évoque ?de nouveaux négriers monnaient des cargaisons humaines. En Méditerranée, des passeurs criminels remplissent des bateaux d'êtres humains. Des terroristes en Syrie, en Irak ou au Nigeria capturent des innocents pour les vendre ou les posséder et (...) s'inventent des prétextes religieux pour justifier leurs crimes?. Liste à laquelle il ajoute l'exploitation des enfants soldats. Le Mémorial, plus grand centre au monde sur la traite des noirs et l'esclavage, ?doit permettre de conna?tre le passé, mais aussi de lever une force pour que nous puissions, ici, avoir une mission de développement?, a insisté Fran?ois Hollande. Face au boycott de la cérémonie par les indépendantistes et aux critiques sur le co?t de l'ensemble (environ 83 millions d'euros), notamment par le leader syndical Elie Domota, le président temporise et appelle au rassemblement : ?cette mémoire ne doit pas être vindicative. Elle doit être rassembleuse et nous amener à lutter contre les formes, hélas, nouvelles d'esclavages?. ?Le Mémorial va dans le sens de la réconciliation et donc ?a ne pla?t pas aux indépendantistes alors même que certains sont dans le comité scientifique du musée?, décrypte un fin connaisseur des affaires antillaises. De même, Fran?ois Hollande refuse toute repentance d'Etat ou versement de réparations pour la colonisation et son corollaire de l'esclavage. Une revendication - certains réclament 21 milliards d'euros - que les indépendantistes ne souhaiteraient pas forcément voir satisfaite. ?Si ce sujet se règle, ils n'ont plus de cause?, estime le même expert ès Antilles. Dans son discours d'inauguration, Fran?ois Hollande a annoncé que la France allait s'acquitter de la dette d'Ha?ti, appelée la ?ran?on de l'indépendance? et aujourd'hui évaluée à 17 milliards d'euros. Sans plus de précision officielle, on ignorait toujours dimanche après-midi si cela revenait à reverser cette sommes aux autorités ha?tiennes. Revenant aux Antilles fran?aises, il a fermé la porte aux réparations. ?Le débat sur les réparations, je le sais, n'est pas épuisé. Je reprends à mon compte les mots d'Aimé Césaire quant à la nature irréparable du crime?, a-t-il fait valoir. LA SOLISTE TAUBIRA FAIT DISSONER LA PARTITION PRéSIDENTIELLE Le parallèle présidentiel avec l'esclavage moderne a eu le don d'énerver la garde des Sceaux, Christiane Taubira. Qui est dans les valises de Hollande pendant toute la tournée caribéenne, qui vient d'écrire un livre sur l'esclavage et qui rappelle à chaque micro se tendant vers elle que l'esclavage historique était un système d'Etat ?codifié et régulé?. ?On doit combattre l'esclavage aujourd'hui mais la confusion est mauvaise conseillère et en plus elle est l'apanage des imbéciles?, a-t-elle balancé samedi en Martinique. Avant de se rattraper pour ne pas se prendre une volée de bois vert de l'Elysée. Oui, ?il y a encore de l'esclavage dans le monde et il doit être combattu avec la même détermination?, a estimé la ministre de la Justice. Simplement, ce n'est pas le même, venant de groupes terroristes ou mafieux. Après avoir rendu hommage à la mémoire noire des anciens esclaves guadeloupéens en déposant une gerbe de fleurs devant le monument ?Sang Cha?nes, Cent Cha?nes, Sans cha?ne? au centre de Pointe-Nike Free Run à-Pitre, Fran?ois Hollande a coupé le ruban tricolore devant l'entrée du Mémorial, un magnifique batiment fait de fa?ades de verre et de métal enchevêtré, aux faux airs de Mucem marseillais, construit sur le site d'une ancienne usine sucrière Darboussier. ?Les critiques, ?a fait partie du jeu, relativise Josée, venue attendre Fran?ois Hollande sur la place de la Victoire. Aujourd'hui, c'est la reconnaissance de 10 ans de lutte pour imposer ce projet. Mettre de l'argent dans la mémoire c'est aussi important que dans l'avenir?. Samedi soir, après sa rencontre avec les élus et un d?ner républicain, Fran?ois Hollande s'est offert une visite nocturne au calme de l'immense batiment avec le président de la région Victorin Lurel, le président du Sénégal Macky Sall et la secrétaire générale de l'organisation de la francophonie, Michaelle TN Requin Jean.
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